Le Portugal attire chaque année des millions de touristes, dont une bonne partie choisit de s’y déplacer en voiture — une solution pratique, notamment pour ceux qui souhaitent explorer les régions reculées ou voyager en toute liberté. Mais conduire sur les autoroutes portugaises peut surprendre : ici, le péage ne se présente pas toujours sous la forme de barrières ou de guichets traditionnels. Il repose en grande partie sur le système de télépéage, parfois 100 % électronique, sans arrêt physique. Alors comment ça fonctionne ? Quels sont les pièges à éviter ? Quels sont les tarifs ? Voici un décryptage sans détour pour tout automobiliste souhaitant prendre la route lusitanienne en toute sérénité.
Un système de télépéage largement automatisé
Le réseau autoroutier portugais est particulièrement dense, moderne… et payant. Contrairement à la France, où les barrières de péage sont omniprésentes, le Portugal s’appuie sur deux types de systèmes :
- Le péage traditionnel (« Via Verde »), avec possibilité de passer manuellement ou avec un badge.
- Le péage exclusivement électronique (« Portagens Electrónicas »), sans barrière ni guichet.
La grande spécificité portugaise, ce sont ces péages électroniques, signalés par des panneaux bleus indiquant « Electronic Toll Only ». Dès que vous passez dessous, votre véhicule est photographié par des caméras et scanné par des capteurs, identifiant la plaque d’immatriculation ou un badge le cas échéant. Aucun ralentissement, aucun arrêt : tout est fluidifié. Mais encore faut-il être enregistré correctement, car chaque passage est automatiquement facturé, et les automobilistes étrangers non avertis peuvent se retrouver avec des amendes… plusieurs mois après leur retour.
Les options disponibles pour les automobilistes étrangers
Si vous venez de France avec votre propre véhicule ou que vous louez une voiture sur place, plusieurs solutions s’offrent à vous pour éviter les complications :
1. Le badge « EASYtoll »
Ce système est simple et fonctionne bien pour de courts séjours. Il suffit d’enregistrer sa carte bancaire associée à votre plaque d’immatriculation dans une borne EASYtoll, que l’on trouve notamment aux postes-frontières (Vilar Formoso, Chaves, etc.). À chaque passage sous un portique de télépéage, le montant est prélevé automatiquement.
Inconvénient : ce service est valide pour une durée de 30 jours, avec des frais d’adhésion de 0,74 € + 0,32 € par trajet, en plus du coût du péage.
2. Le « Toll Card »
Sorte de carte prépayée, le Toll Card peut être acheté en ligne ou dans les bureaux de poste portugais (CTT). Elle est activée par SMS et fonctionne selon le même principe que l’EASYtoll, mais sans avoir à utiliser sa carte bancaire au Portugal. On peut choisir des montants de 5, 10, 20 ou 40 €.
Pratique pour les voyageurs occasionnels, mais gare à ne pas sous-estimer votre budget autoroute : si le solde est insuffisant, vous risquez une pénalité (jusqu’à 10 fois le montant du péage dû).
3. Le badge de télépéage français (Liber-t, Bip&Go…)
Mauvaise nouvelle pour les utilisateurs français habitués à leur badge Liber-t : celui-ci ne fonctionne tout simplement pas au Portugal. Il est valable en France, en Espagne (et désormais en Italie dans certains cas), mais pas au Portugal. Il faut donc se procurer un badge européen compatible, comme le badge Bip&Go Europe avec l’option Portugal activée (encore très rare), ou un badge spécifique portugais tel que « Via Verde Visitors ».
4. Louer un véhicule avec badge intégré
Si vous louez une voiture au Portugal, la plupart des agences commerciales (Hertz, Europcar, etc.) proposent un véhicule équipé d’un badge de télépéage « Via Verde ». Le surcoût est généralement de 1,50 € à 2 € par jour, avec facturation plus tardive et claire des trajets effectués.
C’est souvent l’option la plus simple pour ne pas se poser de questions, à condition de bien vérifier que le badge est activé et lisible (le boîtier est souvent fixé au pare-brise).
Combien ça coûte ? Aperçu des tarifs
Comme en France, le coût des péages dépend du type de véhicule et de la distance parcourue. Le Portugal classe les véhicules en catégories, de Classe 1 (voitures légères, type citadines) à Classe 4 (camions avec remorques). Pour une voiture standard en Classe 1, voici quelques exemples :
- Lisbonne – Porto via A1 : environ 23 €
- Faro – Lisbonne (A2) : environ 20 €
- Porto – Braga (A3) : 4,25 €
- Certaines sections (A22, dans l’Algarve) : 5 à 9 € suivant le parcours
À noter que les autoroutes électroniques (ex-SCUT) dans le nord et le centre du pays peuvent représenter un vrai coût cumulatif si vous les empruntez souvent. Une semaine de road-trip peut aisément afficher 40 à 60 € de péages électroniques, voire plus.
Les astuces pour économiser (ou contourner intelligemment les péages)
Comme en France, il est possible d’éviter les autoroutes si vous avez du temps ou simplement envie de mieux découvrir le pays. Le réseau secondaire au Portugal est globalement en bon état, bien que plus lent en raison des traversées de villages et des limitations de vitesse variables.
- Activez l’option « éviter les péages » dans vos apps GPS (Google Maps, Waze…) si vous voulez explorer sans surcoût.
- Le tronçon de l’A28 entre Porto et Viana do Castelo est gratuit jusqu’à environ 30 km au nord de Porto.
- L’intérieur du pays, comme l’Alentejo ou la Serra da Estrela, offre des parcours champêtres avec peu ou pas de péages.
- Prenez en compte que certaines routes nationales (les EN, comme la N125 en Algarve) sont pratiques mais peuvent être encombrées aux heures de pointe.
Cela dit, si votre objectif est l’efficacité, mieux vaut anticiper quelques dizaines d’euros de péage : les autoroutes portugaises permettent un gain de temps significatif.
Quelles sanctions en cas d’oubli ou de non-paiement ?
Certainement l’une des questions les plus fréquentes : que se passe-t-il si l’on passe sous un portique sans avoir enregistré son véhicule ?
Le système est connecté à une base de données européenne. Cela veut dire que si vous roulez sous un péage électronique sans abonné enregistré ou solde disponible, vous êtes théoriquement en infraction. Une amende pourra vous être envoyée à domicile, parfois plusieurs mois après — jusqu’à 10 fois le prix initial du péage, avec des frais administratifs en prime.
Les péages électroniques ont notamment fait polémique dans les années 2010, car ils ont surpris de nombreux touristes, non informés, qui ont ensuite reçu des avis de recouvrement depuis des cabinets de contentieux. Désormais, l’information est plus accessible, mais la vigilance reste de mise si vous roulez en direction de Porto ou dans l’Algarve, où ce type de péage est le plus courant.
Conseils pratiques d’un conducteur averti
Après plusieurs séjours au Portugal à bord de véhicules personnels et loués, voici quelques recommandations concrètes issues du terrain :
- Prenez le temps de vous informer avant d’entrer sur l’autoroute. Une fois engagé, il est souvent trop tard.
- Photographiez le ticket ou la borne d’enregistrement EASYtoll en cas de contrôle ou de souci technique.
- Répartissez les frais si vous voyagez en groupe, car les péages peuvent peser sur le budget global.
- Le site officiel portugais Portugal Tolls propose une carte interactive pratique et des simulateurs de trajets.
Enfin, n’oubliez pas : rouler au Portugal est en général un plaisir. Le réseau autoroutier est bien entretenu, la signalisation claire, et les conducteurs plus disciplinés qu’on ne l’imagine. Avec un peu d’anticipation, vous éviterez les mauvaises surprises et profiterez pleinement de votre road-trip, du Douro à l’Algarve.
