Les changements récents du malus écologique en France

Les changements récents du malus écologique en France

Un malus écologique plus sévère en 2024 : que faut-il savoir ?

Pour les automobilistes français, l’année 2024 a débuté sous le signe du durcissement fiscal. Le malus écologique, corrigé dans une volonté de lutte contre les émissions de CO₂, impacte de plus en plus lourdement les véhicules thermiques. Mais quelles sont les réelles implications de cette réforme ? Et comment se préparer en tant qu’acheteur ou propriétaire de véhicule ? Voici un tour d’horizon des derniers changements, illustré d’exemples concrets et d’analyses concrètes.

Un seuil d’application plus sévère

En 2024, la première modification importante concerne le seuil de déclenchement du malus. Alors qu’il était fixé à 123 g de CO₂/km en 2023, ce seuil passe désormais à 118 g de CO₂/km. En d’autres termes, de nombreux modèles dits « raisonnables » sur le plan des émissions se retrouvent pénalisés.

Par exemple, une Peugeot 208 PureTech 100, qui émettait autour de 119 g/km en cycle WLTP, échappait au malus l’an dernier. Aujourd’hui, elle entre directement dans la tranche des véhicules taxés, même si le malus reste modique (quelques dizaines d’euros). Petit montant, certes, mais symbole fort : l’encadrement devient systématique.

Ce déplacement du seuil reflète l’ambition gouvernementale d’accélérer la sortie des moteurs thermiques au profit de l’électrique. Toutefois, il met en difficulté les conducteurs qui visent cette fameuse « voiture à essence raisonnable » sans vouloir (ou pouvoir) sauter le pas vers le 100 % électrique.

Un barème plus progressif, mais aussi plus douloureux

Le grille du malus reste basée sur les émissions de CO₂, exprimées en grammes par kilomètre selon le protocole WLTP. Mais les montants ont été revus à la hausse sur plusieurs tranches.

Ainsi, à 118 g/km, on commence désormais à payer 50 €. À 130 g/km, le malus grimpe à 310 €. Et il ne faut pas aller beaucoup plus loin pour voir les chiffres s’envoler. À 150 g/km : 2 049 €. À 180 g/km, on dépasse les 10 000 €. Le plafond actuel ? 60 000 €, pour un niveau d’émission supérieur à 194 g/km.

Autrement dit, les véhicules puissants et lourds, comme certains SUV thermiques ou sportives, deviennent quasiment inaccessibles ou du moins réservés aux portefeuilles bien garnis.

Les hybrides et les véhicules utilitaires pas totalement épargnés

Si les hybrides rechargeables restent dans une zone relativement « neutre » grâce à leurs faibles taux d’émissions officielles (souvent ≤ 50 g), les modèles non-rechargeables, eux, commencent à pâtir du durcissement. Une Toyota Yaris hybride, bien optimisée, reste en zone blanche. Mais une Renault Austral mild-hybrid grimpe vite vers les 130-140 g/km, ce qui peut entraîner plusieurs centaines d’euros de malus.

Quant aux véhicules utilitaires ou de société transformés en VP (véhicules particuliers), ils ne bénéficient pas de larges exonérations. La fiscalité s’applique à partir du moment où le véhicule est requalifié pour un usage quotidien et non professionnel.

Le poids entre (enfin) dans le jeu fiscal : le malus au poids

C’est la nouveauté marquante de ces dernières années : le malus au poids, en vigueur depuis 2022, est renforcé en 2024. Dès que le poids à vide du véhicule dépasse 1 600 kg (véhicules thermiques ou hybrides), un malus supplémentaire est appliqué, à hauteur de 10 € par kilo excédentaire.

À titre d’illustration, un BMW X5 xDrive30d pèse environ 2 120 kg à vide. Soit 520 kg au-delà du seuil : cela représente un malus additionnel de 5 200 € uniquement pour le poids. Ce montant s’ajoute au malus CO₂, portant potentiellement la facture à plus de 20 000 € pour ce modèle.

Les familles nombreuses (au moins 3 enfants) obtiennent une réduction de 200 kg par enfant sur ce malus poids. Mais cette niche reste minoritaire et ne compense pas l’inflexion du barème pour le grand public.

Un impact inévitable sur le marché de l’occasion

Le marché du neuf est évidemment le plus touché, car le malus est dû à l’immatriculation. Mais cette pression fiscale a un effet en cascade, notamment sur le marché de l’occasion récente et sur les habitudes d’achat.

Beaucoup de particuliers se tournent désormais vers les modèles de moins de 3 ans, peu kilométrés, récemment immatriculés, et exempts de malus. Un effet pervers se manifeste alors : les prix grimpent sur cette tranche de véhicules recherchés, et les écarts entre neuf et occasion se creusent. Résultat : acheter une voiture neuve devient de moins en moins compétitif face à une bonne occasion récente.

Côté professionnels, les mandataires et importateurs adaptent leur offre en valorisant des véhicules immatriculés à l’étranger avant 2024 pour contourner partiellement la nouvelle fiscalité.

Vers une politique incitative : primes, bonus et pièges à éviter

Face à la montée en puissance du malus, de nombreux automobilistes se demandent quels leviers utiliser pour amortir la facture. Le gouvernement maintient en parallèle certains dispositifs d’aide, notamment :

  • Le bonus écologique pour les véhicules 100 % électriques, sous conditions de prix et de niveau de production européenne (fini les imports asiatiques hors norme CO₂).
  • La prime à la conversion, toujours en vigueur selon les revenus, qui permet de bénéficier d’une aide en échange de la mise au rebut d’un véhicule ancien.
  • Les exonérations régionales sur la carte grise, pour les véhicules émettant peu de CO₂ (notamment électriques et hydrogènes).

Mais attention, le cumul de ces aides devient de plus en plus contrôlé. Le bonus écologique est par exemple réservé aux ménages modestes dans certains cas, et les barèmes peuvent évoluer d’une année à l’autre, laissant parfois les acheteurs dans l’incertitude.

Quelles stratégies d’achat adopter en 2024 ?

Pour l’automobiliste averti, plusieurs options peuvent encore permettre d’optimiser son investissement sans subir l’effet intégral du malus.

  • Cibler des véhicules hybrides non-rechargeables en dessous de 120 g/km WLTP – rares mais existants.
  • Se tourner vers l’électrique d’occasion, notamment les modèles de citadines (Zoe, e-208, Leaf) dont les tarifs sont attractifs et l’utilisation adaptée à un usage urbain.
  • Explorer les mandats d’achat via des mandataires européens proposant des véhicules déjà immatriculés, en limitant ainsi l’exposition fiscale.
  • Surveiller les modèles avec optimisation aérodynamique et allègement structurel, souvent sous-estimés sur le marché malgré leur avantage environnemental.

Enfin, il est essentiel de ne pas se limiter aux chiffres d’émission. L’usage réel, notamment sur les hybrides rechargeables (souvent mal utilisés et donc très polluants en pratique), reste déterminant. Mieux vaut un thermique frugal bien conduit qu’un PHEV constamment en mode essence.

Un virage fiscal inévitable, mais aux contours encore ajustables

Le renforcement du malus écologique s’inscrit dans une logique globale de transition énergétique, pilotée par les objectifs de neutralité carbone à horizon 2050.

Mais si la fiscalité écologique prend de l’ampleur, elle n’est pas sans critiques. Associations d’automobilistes, professionnels du secteur et certains élus pointent un risque de fracture sociale et territoriale. En zone urbaine dense, l’électrique est plus facilement déployable. En campagne ou en zone périurbaine mal desservie, le thermique reste la norme.

Les ajustements à venir – notamment autour du mix électrique, des carburants synthétiques ou de l’hybridation élargie – seront décisifs. En attendant, les automobilistes doivent naviguer dans un environnement fiscal dense et évolutif. Mieux vaut donc rester informé, comparer les données réelles et revenir aux fondamentaux : performances, consommation réelle, équilibre coût/bénéfice.

Comme toujours sur Auto3M, nous continuerons à suivre de près ces évolutions et à vous fournir des analyses précises et utiles pour vos décisions automobiles.