Comparaison entre les carburants classiques et les carburants alternatifs

Comparaison entre les carburants classiques et les carburants alternatifs

Carburants classiques vs carburants alternatifs : que faut-il vraiment choisir ?

Les débats sur les carburants se multiplient, et pour cause : entre législation environnementale, coûts d’exploitation, performances et infrastructures, le choix du bon carburant n’a jamais été aussi stratégique, que vous soyez conducteur occasionnel ou gros rouleur. Faut-il encore opter pour l’essence ou le diesel, ou bien se tourner vers des solutions alternatives comme l’électricité, le GNV ou les biocarburants ? C’est ce que nous allons examiner en détail, chiffres à l’appui et moteur allumé.

Essence et diesel : les piliers en sursis

Longtemps indétrônables, les carburants fossiles traditionnels — essence et diesel — restent aujourd’hui encore largement majoritaires sur le parc automobile français. En 2023, plus de 70 % des véhicules particuliers immatriculés tournaient encore à l’un de ces deux carburants. Mais cette part diminue lentement sous la pression des réglementations européennes (Euro 6d, ZFE, normes CO₂). Cela suffit-il pour tourner la page ? Pas forcément.

Le diesel, qui avait conquis les conducteurs grâce à sa faible consommation et sa longévité mécanique, n’a plus la cote. Ses émissions de NOx (oxydes d’azote) et de particules fines l’ont placé dans le collimateur de nombreuses ZFE. Côté essence, si les moteurs modernes affichent désormais des rendements nettement supérieurs à leurs aïeux carburant au super 95, ils n’échappent pas au malus écologique en raison de leurs émissions de CO₂.

Verdict ? Le thermique reste performant, polyvalent et bien implanté, mais son avenir est clairement compté — à tout le moins dans les centres urbains.

Le véhicule électrique : star montante, mais pas sans limites

Difficile d’éluder l’essor de la voiture électrique (VE), propulsée par un engouement politique et technologique croissant. En 2023, près de 16 % des immatriculations en France étaient des VE, soit une progression fulgurante sur cinq ans. Cela dit, l’électrique n’est pas une formule magique — du moins pas encore.

D’un point de vue énergétique, le VE est imbattable en termes de rendement : environ 60 à 70 % de l’énergie du réseau est convertie en propulsion, contre seulement 20 à 30 % pour un thermique. Le silence de roulage, l’absence d’entretien moteur (adieu vidanges et courroies de distribution) et les faibles coûts à l’usage incitent au passage à l’électrique, notamment en usage urbain.

Mais l’autonomie reste une préoccupation : dans la vraie vie, une compacte électrique tient rarement plus de 300 km sur autoroute. Les infrastructures de recharge, bien que mieux réparties qu’il y a cinq ans, ne suffisent toujours pas à éliminer l’anxiété d’autonomie pour les gros rouleurs ou les vacanciers.

Les hybrides : compromis ou fin de non-recevoir ?

Hybride simple, hybride rechargeable, micro-hybride… Difficile de s’y retrouver tant les appellations varient. Leur promesse ? Allier les avantages du thermique et de l’électrique. Sur le plan pratique, les hybrides “full” (comme celles de Toyota) montrent une efficacité remarquable en milieu urbain, où le moteur électrique prend le relais dans les bouchons et à basse vitesse.

Les hybrides rechargeables (PHEV), quant à elles, promettent de parcourir 40 à 60 km en tout électrique, avant de basculer sur le thermique. Idéal ? Dans la théorie. En pratique, si elles ne sont pas rechargées régulièrement, elles deviennent de simples thermiques surchargés… donc moins efficientes.

Ajoutons à cela un coût à l’achat plus élevé et une complexité mécanique accrue, qui peut poser problème en matière d’entretien hors réseau constructeur.

Le GNV : encore marginal, mais prometteur

Le gaz naturel pour véhicules (GNV) et son dérivé renouvelable (bioGNV) constituent une alternative sérieuse, surtout pour les flottes professionnelles. Silencieux, propre à l’usage (jusqu’à -80 % d’émissions de particules fines comparé au diesel), le GNV a de quoi séduire. Il offre aussi une autonomie compétitive : jusqu’à 500 km par plein.

Problème : le réseau de stations en France est encore embryonnaire, avec moins de 300 points de ravitaillement actuellement. Le marché de l’occasion est quasi inexistant, et les modèles neufs se comptent sur les doigts de la main (Fiat, Volkswagen, Seat… et c’est à peu près tout).

Autrement dit, une solution pertinente, mais avant tout pour les professionnels bien organisés. Pour monsieur tout-le-monde, c’est encore un pari.

Les biocarburants : entre potentialités et incertitudes

Parmi les carburants alternatifs, les biocarburants tiennent une place ambiguë. Le bioéthanol E85 — mélange à 85 % d’éthanol issu de la fermentation végétale et à 15 % d’essence — séduit par son prix au litre très bas (souvent entre 0,70 € et 1 €). Ajoutez un boîtier de conversion homologué (subventionné dans certaines régions) et vous roulez « vert » sans changer de voiture.

Cependant, l’autonomie diminue (l’éthanol est moins énergétique), la consommation augmente, et toutes les mécaniques ne le supportent pas de la même manière. Certaines valves et durites souffrent du pouvoir corrosif de l’éthanol à long terme.

À noter également que le biodiesel (B100) fait son chemin dans les flottes professionnelles : issu d’huiles végétales ou usagées, il réduit significativement les émissions de gaz à effet de serre. Mais incompatibilité reste le maître-mot pour la majorité des véhicules particuliers.

Hydrogène : futur ou mirage ?

Sur le papier, l’hydrogène coche toutes les cases : zéro émission au pot d’échappement, recharge ultra-rapide, autonomie excellente. Pourtant, malgré quelques modèles disponibles (Toyota Mirai, Hyundai Nexo), le marché est embryonnaire.

Le vrai frein ? L’infrastructure. En France, moins de 15 stations hydrogène ouvertes au public… et la production même de l’hydrogène reste problématique. Si l’on extrait l’hydrogène par reformage d’hydrocarbures, l’opération devient très peu écologique. L’hydrogène “vert”, issu de l’électrolyse de l’eau avec de l’électricité renouvelable, est encore coûteux et minoritaire.

D’un point de vue technique, la pile à hydrogène implique également un surcoût important, rendant les véhicules inaccessibles au grand public pour l’instant.

Quels critères prendre en compte pour choisir ?

Face à ces options, il n’existe pas de réponse universelle. Le choix dépend avant tout de votre usage :

  • Usage urbain et trajets courts : Véhicule électrique ou hybride non rechargeable. Autonomie suffisante et coûts d’entretien très réduits.
  • Longs trajets et autoroute fréquente : Diesel modernisé (Euro 6d-Final) ou hybride rechargeable bien utilisé. Le thermique garde de l’intérêt sur les longues distances.
  • Budget serré : Essence compatible E85 avec boîtier homologué, ou VE d’occasion dans une grande agglomération.
  • Professionnels ou flottes : GNV ou B100 selon la disponibilité locale et la facilité d’approvisionnement.

Et pour ceux qui changent de région tous les six mois ou veulent partir à l’improviste au Portugal… un bon vieux diesel entretenu avec rigueur reste encore une valeur refuge.

La transition énergétique à pleine charge

La tendance est claire : les carburants alternatifs gagnent du terrain, aidés (ou contraints) par les politiques publiques. D’ici 2035, l’interdiction des motorisations thermiques neuves dans l’Union européenne devrait sérieusement rebattre les cartes. Mais d’ici là, la cohabitation entre diverses motorisations reste inévitable.

Pour l’automobiliste averti, le défi consiste à anticiper sans précipiter. Choisir un véhicule adapté à ses usages, à ses contraintes géographiques et budgétaires — tout en gardant un œil sur la valeur à la revente et les évolutions réglementaires. Ce n’est pas qu’une question de carburant, c’est une alchimie à part entière.

Alors, essence ou hydrogène ? Diesel ou bioéthanol ? Electrique ou GNV ? Peut-être un jour n’aura-t-on plus à se poser la question. Mais en attendant, mieux vaut garder un œil sur la jauge… et les infos carburant.